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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/21

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« Je vous dis, moi, qu’il n’y a de vie pour vous que dans l’universelle ruine. Et puisque vous n’êtes pas assez nombreux dans l’Europe occidentale pour que votre désespoir fasse brèche, cherchez en dehors de l’Europe occidentale. Cherchez et vous trouverez. Vous trouverez au Nord un peuple entièrement déshérité, entièrement homogène, entièrement fort, entièrement impitoyable, un peuple de soldats. Vous trouverez les Russes.

« … Les Cosaques seuls ont assez de forces vives et d’intérêts en majorité pour faire la révolution.

« … Prends sous ton bras, peuple, l’homme qui souffre comme toi, Français ou étranger ; donne-lui l’intelligence de la révolution sociale ; en retour il te donnera la force sans laquelle tu ne la ferais pas. Les prolétaires cosaques sont nombreux comme les sables des océans ; ils ont la torche à la main… »


Ces extraits, tirés du Hurrah ! de 1854 (pp. 19 à 22) nous font comprendre le degré d’isolement et de désespoir d’un vrai socialiste dans les années qui suivirent les hécatombes de juin 1848. Les discussions, unions, scissions et tout le menu ménage d’un mouvement impuissant, piétinant sur place, qu’il vit parmi les proscrits de Londres, n’étaient pas de nature à lui inspirer des idées plus roses sur les forces révolutionnaires de son époque. Dans l’Épilogue : L’Exil, il traça un rôle bien différent, hautement conçu, aux exilés, précurseurs de l’internationalisme de l’avenir. Mais entretemps, avec Octave Vauthier, il donna libre cours à sa verve et à sa jeunesse, en lan-