Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/219

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il porte des messages 128 d’amour et de bonheur. Il se repose de ses fatigues quand il arrive au port ; il recherche dans les deux hémisphères les climats tempérés. Les pauvres, les travailleurs, les simples d’esprit l’accueillent avec joie, parce qu’il ramène les beaux jours ; ils lui donnent l’hospitalité dans leurs demeures.

Roule, roule par le monde, heureux exilé !

Je suis la vapeur rapide, le fil télégraphique, l’aérostat léger. Je rapproche les âmes et les pensées des peuples. Je suis la moëlle de leurs os et le sang de leur cœur.

Roule, roule par le monde, heureux exilé !


Il y a dans ma voix la fanfare des batailles, les clameurs des révolutions, l’ineffable harmonie des continents et des mers, le sifflement du mépris, les rugissements de haine et les soupirs de tendresse.

Il y a dans mon âme les amères désillusions que donnent l’amour trompé, l’hypocrisie, la lâcheté des hommes, la vénalité des femmes, la trahison des amis, les cruautés de la famille, l’abandon, la lassitude de soi-même, la maladie.

Roule, roule autour du monde et n’y rentre jamais, voyageur exilé !


Partout je suis étranger et citoyen, bien et mal, connu et inconnu, méconnu toujours, chez les autres et chez moi. Je suis étudiant en géographie. Je tiens pour tous les peuples contre tous les gouvernements, pour toutes les libertés contre tous