Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/325

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fier. Partout où le songe le berce, il s’allonge ; partout où le sommeil le prend, il s’endort. Quand vous passez près de son auguste personne en haillons, il continue tranquillement à rouler son tabac dans un papier de fil, et pour admirer votre costume, jamais il ne lui arrive de détourner de ses yeux sa capa brune. Il vous méprise et il en a le droit. À lui l’espace, les prairies, les forêts, les danses nationales sous les feux du soleil. Ses mouvements sont libres ; ses habits et sa peau ne craignent pas les rudes caresses des climats du Midi. Il est fils de la nature et vous êtes fils de la Civilisation du dix-neuvième siècle, étroite de sentiments comme de costumes.


Bourgeoisie ! race prostituée, va jeter des impôts et des couronnes sur la route des rois ; use tes genoux dans leurs anti-chambres, sur les dalles des églises ; mens, prie, courbe-toi, misérable vendue qui ne crois ni à Dieu ni à Diable, et cracherais sur la figure du Christ si l’on te jetait un sou ! !..


V


197 Terre de feu, patrie des amours et des jalousies qui tuent, Espagne aimée du ciel : de tous les pays du monde celui que l’artiste regrettera le plus ! Tu vas disparaître sous l’inévitable étreinte de la Révolution !

Que tes sierras indomptées inclinent donc leurs fronts sous les rails de fer ; que tes filles superbes