Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/331

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Société qui me poursuis, je te rendrai mépris pour mépris, injures pour injures, proscription morale dans l’avenir pour la proscription physique que tu m’imposes dans le présent. Œil pour œil, dent pour dent, c’est parole d’Évangile, c’est la loi des révolutions, c’est le cri des opprimés.

L’exilé n’est pas de ce monde.

Société, tu as peur des squelettes. Eh bien ! moi qui passe au milieu de toi comme un mort dans un bal, j’apparaîtrai dans tes orgies, agitant des pages sanglantes, et je te montrerai, du bout de ma plume, l’abîme de fange où tu disparaîtras bientôt.

L’exilé n’est pas de ce monde.

La haine, la haine ! je n’ai que cet amour. Je la respire et la renvoie. Je suis la poudre qui rend mille morts pour une étincelle. 201 Je suis une semence d’ellébore qui produit une coupe de poison. Ah ! tous les outrages que vous m’avez prodigués, hommes de parti, vous retomberont sur la tête ; tous les levains de colère que vous avez déposés dans mon sein sont dans la bonne terre. Car je suis le précurseur du Temps, le suprême Vengeur !

L’exilé n’est pas de ce monde.