Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/341

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« Que l’acier rougisse dans les forges de Burgos. Les gentils hommes de Valence, los ricos hombres, les compagnons du Cid sont partis pour la guerre. Chacun d’eux a promis deux têtes d’Abencerrages à la préférée de son cœur. Nous avons vu l’éclat de leurs armures ; elles éblouissaient le soleil. Ils reviendront vainqueurs avec des épées aiguisées sur les os des infidèles ! — Ole !

« Le sultan — el rey chico — le sultan Boabdil a fait un rêve, un rêve effrayant. Les voûtes de l’Alhambra se sont entr’ouvertes sur sa tête. Il a lu la perte de son khalifat dans les traits de la foudre. La main du Dieu fort s’est abaissée sur lui. — Ole !

« Depuis ce songe, son grand cimeterre est moins tranchant que la quenouille de nos grand-mères ; on ne l’a plus vu teint de sang. — Ole !

« Le Khalife de Grenade a de belles filles dans ses harems, mais la dernière bergère des Asturies est plus digne d’amour que la courtisane favorite du sultan Boabdil. — Ole !

« Malheur à la vierge chrétienne qui chercherait l’amour dans les yeux d’un Maure ; elle y trouverait la pointe d’un couteau catalan. — Ole !


« Le plus précieux privilège de nos reines est de choisir leurs galants parmi les beaux garçons des Espagnes. La royale fille de Naples, Marie-Christine la belle, a pris pour époux le très excellent seigneur Muñoz ; elle a passé l’anneau ducal