Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/344

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rois du côté de l’Orient ; les deux qui le soutiennent, crient : Les rois viennent, les rois viennent, avec leurs belles robes d’or — vienen los reyes ! — Ole !

211 « Niña ! tes grands yeux étincellent sous la mantille comme l’éclair sur le sein de la tempête. Je croyais voir une goutte de sang dans ta chevelure d’ébène, mais c’est un œillet plus rouge que la liqueur des artères. Je veux puiser la vie dans l’éclat de tes yeux ; et si je meurs que tes cheveux me servent de linceul ! — Ole !

« Il court par Madrid une atmosphère de femme qui transporte l’homme de désirs. À la pointe du jour, quand s’éveillent les palomas caressantes, la manola paraît à son balcon. Les oiseaux d’amour connaissent sa voix sauvage ; ils y répondent par leurs roucoulements. Le soir, elle revient à la même place pour s’enivrer des soupirs de la sérénade. — Ole ! Ole !


« L’été, vous chercheriez en vain le Mançanares dans la campagne de Madrid. Il n’y a que les entrepreneurs de romans français qui l’aient découvert et décrit. Le pauvre ruisseau se cache tout honteux dans les sables pour échapper à la poursuite des lazzis castillans. Le magnifique pont de Toledo ressemble à un vieux fat bien attiffé qui ne trouve pas sa belle au rendez-vous. — Ole ! Ole !


« Hier, le grand taureau de Navare broutait la