Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/357

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» La Granadine a caché son front sous la mante. Voyez courir ses petits pieds. Elle dédaigne les majos qui l’admirent. Mais sa mère qui la suit recueille leurs compliments. — Salero !

» Salero ! gracieuse, divine, trésor de caprice et d’esprit, mes chères amours ! Le mot dit tout cela : — Salero ! Salero !

» Ma Rosa fleurie, j’aime mieux ta figure brune se détachant sur la nuit claire que les figures d’or de la reine sonnant sur le bois des comptoirs. Malheur aux avares ! Malheur aux jeunes ambitieux ! L’épargne et l’intrigue font mourir dans le pays où tout abonde. — Salero !


» Terre rude que la nôtre pour qui n’en voit que le gazon desséché et la croûte fendue ! Hommes rudes que nous pour qui ne voit que nos pommettes, nos cheveux durs et nos traits heurtés ! Femmes rudes que les nôtres pour qui les entend parler haut et 220 ferme, pour qui les suit à la promenade et ne recueille que leurs dédains ! — Salero !

» Mais terre chérie par qui sait découvrir des ruisseaux sous les pierres, des fruits suaves dans le cœur du rocher, des hommes sensibles sous une écorce mâle, et des femmes passionnées sous une fierté de glace ! — Salero !


» Sois humaine ma toute belle ! Vois s’épanouir les fleurs de l’oranger. La bergerette a chanté sur les sables du Jenil ; les amants out entendu sa