et gris comme des lézards. On soulève l’immense bâtiment avec des machines formidables, ainsi qu’une baleine prise au crochet perfide ; sous son ventre les matelots roulent d’énormes sapins. Les équipages et les forts déploient leurs signaux de bienvenue ; de toutes les gueules de leurs bronzes ils appellent à la mer leur nouveau compagnon.
L’Impavido se balance un instant sur ses hanches comme un valseur qui cherche à retrouver le pas, puis majestueux, il descend à l’Océan, ainsi que le lutteur dans le cirque. Du rivage, des vergues élancées, du sommet de la côte et du sein des eaux s’élève le chœur :
« Heureux voyage, ô beau navire que nos mains achevèrent ! Visite tous les pays, aborde à tous les ports, passe sous tous les cieux, sors vainqueur des terribles orages ! Porte nos hommes, nos marchandises et notre nom chez tous les peuples, nos frères aimés, secours-les dans la détresse, participe à leurs fêtes, découvre des passages, des îles et des continents ! Ramène de tous les climats les produits du sol et de l’industrie ; sois messager de paix, de bonheur et d’amour ! Qu’on te salue de loin quand tu t’approches des côtes comme un parent, comme un ami qu’on brûle de revoir.
» Et toi, mer mugissante, gronde sous la vapeur, ronge tes écueils, mais n’ouvre plus, n’ouvre plus tes gouffres avides pour engloutir une proie fournie par nous. Quand tu seras trop irri-