Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/444

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et des panoramas, de dompter les animaux, d’imiter le chant des oiseaux. Ils divertissent les hommes les plus sévères par leur verve intarissable, l’étonnante adresse de leurs mains, la grotesque emphase de leurs plaidoiries, de leurs gestes et de leurs sentences.

— Aujourd’hui, les malheureux artistes de cette classe traînent la plus dégradante misère ; traités comme des parias, ils n’ont guère de rapports qu’avec les plus brutaux agents de la police. Au contraire, dans l’humanité future, ils seront tout aussi considérés que les autres travailleurs. Car les hommes exempts de préjugés n’attacheront plus de valeur conventionnelle aux différents arts et sauront honorer de leur estime quiconque leur procure de l’agrément et des jouissances.

Ces lignes vont faire bien de la peine aux graves personnages 277 qui ne sourient que par politesse, qui ne dansent jamais, qui ne visitent Mesdames leurs épouses que pour le bon motif ; à MM. les Révérends des écoles et des journaux. Tant pis pour eux ; cela doit aller ainsi plus tard. Quant à moi, l’homme qui me fait rire me semble plus utile que celui qui me fait pleurer, et le baladin de place autrement respectable que l’escamoteur de palais.

Voyons, Occidentaux qui méprisez la force, l’adresse et la grâce, charlatans piteux et malingres, robustes comme des mouches, adroits comme des porcs et gracieux de même… croyez-vous qu’il n’y ait aucun mérite chez cet homme qui fait le