Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/459

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nètrent ; elles forment comme le sein gonflé de la mer qui va s’ouvrir. Vénus la belle est conçue dans un dernier baiser !

La strophe musicale devient perçante, râlante, déchirante de volupté. Dans une brusque secousse les bateaux s’écartant par moitié, laissent entre eux la galère capitane que fait bondir l’ondulation des vagues. Sur elle apparaît naissante la Déesse adorée, l’Aphrodite qui fait tourner la tête des pauvres humains.

En son honneur l’encens fume de toutes parts ; d’immenses soleils déployant leurs nuages de pourpre forment son auréole et la montrent aux mortels dans l’éclat de sa surnaturelle beauté.

L’Amour redit la gloire de l’Homme !


286 Dès qu’elle est née, les Nymphes et les Naïades accourent autour d’elle sur les cinquante barques vertes de feuillage ; elles chantent :

« Salut ! mère d’amour et de grâce, source intarissable de fécondité, de bonheur et de joie ! Salut ! tous les êtres t’adorent, et quand ils te prient, leur extase est si grande qu’ils se figurent mourir ! Nous sommes tes sœurs, tes filles et tes compagnes ; nous jouissons de tes amours, tu protèges les nôtres. Tu es notre reine, plus belle, plus aimable que nous toutes. Et nous sommes heureuses quand tu nous permets de baiser tes pieds !

» Ô Vénus ! éternellement aimante, éternellement jeune, ô divine Andalouse, laisse-nous met-