nuits, obscurité profonde, que vous êtes funestes à qui ne peut dormir !
Ah ! mes cheveux frissonnent, une sueur profuse se répand sur mon corps, je me sens emprisonné dans mes nerfs tendus, comme l’oiseau dans les mailles du filet. J’ai soufflé pendant dix ans sur l’incendie de mon âme, et maintenant je ne puis l’éteindre et je suis dévoré !
Voix de Destruction, gigantesques fantômes : loin de moi ! Ne péris pas, mon bon vouloir ; ne m’abandonne pas, ma patience si longtemps éprouvée. Car aujourd’hui j’ai fait ma brèche aux vieilles murailles du Monopole, j’ai crevé le tympan des sourds-muets de ce siècle. Je puis être bon à quelque chose ici-bas ; et je ne suis pas de ceux qui s’isolent des misères communes ; et si je souffre, hélas ! c’est par excès de sensibilité.
Courage, mon âme ! L’alouette s’élève au-dessus des profonds abîmes, l’herbe y pousse au printemps, et la feuille du chêne, et la fleur écarlate de l’arbre de Judée. Le rossignol y chante, les étoiles y dorment, rassurées par sa voix. L’hirondelle y plonge sur ses ailes fourchues, puis s’en relève comme un trait lancé contre les cieux. Sur les neiges éternelles qui bordent les crevasses alpestres, le Jour et la Nuit descendent tranquilles, enveloppés dans le rouge manteau du frileux Crépuscule.
Courage, mon âme ! Laisse-toi balancer sur le chaos des révolutions éternelles, mais ne regarde