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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/84

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verains par la grâce des peuples et de Dieu. — Qu’êtes-vous allé voir ? des millions d’imbéciles comme vous, qui vous entraient les coudes dans les flancs. — Quoi de plus ? des sergents de ville avec des gourdins à votre service. — Quoi ? des chandelles romaines que l’on vous fait cracher avec vos impôts et dont les débris vous retombent sur le nez. — Encore quoi ? les glorieux drapeaux des armées d’Orient. — Qu’êtes-vous allé voir ? les victoires d’Inkermann et de l’Alma dont vos fils engraissent les champs avec leurs cadavres. — Qu’êtes-vous allé voir encore ? vos alliés d’outre-mer : superbes têtes, n’est-ce pas, pour poignées de parapluies !

Qu’avez-vous avalé ? de la poussière et des humiliations : comme si vous n’en aviez pas assez dans vos campagnes ! — Qu’avez-vous respiré ? la poudre des mitrailleurs de Décembre. — Qu’avez-vous lu ? des proclamations menteuses et insultantes, des journaux bâillonnés, des bulletins de défaites converties en triomphes, des promesses de paix, de bonheur et de liberté pour l’an 40. — Que rapportez-vous au foyer de famille ? De beaux écus de moins, et de plus quelques souvenirs cuisants de l’âge d’Or et de Mercure.

38 Mais pourquoi prendrais-je souci de ce qui se passe en France ? Que ces bonnes gens se foulent, s’étouffent, s’enfoncent les côtes, se réduisent en petits morceaux, s’humilient devant les tristes rejetons des rois ; qu’ils mangent de la vache enragée, qu’ils boivent du coco, qu’ils crèvent de cha-