étend sur les tombeaux des roses, des cyprès, une couronne d’immortelles, une boucle de cheveux, une goutte de sang, un soupir, le long, le déchirant sanglot qui rompit la dernière fibre du cœur ; elle laisse le meilleur.
J’envie le sort des trépassés !
Dans l’humble cimetière d’Ornolac est une pierre. — Sous cette pierre il y a des os creusés par la souffrance, vides de moëlle et de sang. À l’heure du crépuscule, ces os résonnent comme des roseaux chanteurs, détachés de leurs tiges par la tourmente des 341 flots. Sur cette pierre est un petit livre gémi, saigné, souffert par la passion humaine : la Bible des opprimés. À l’heure de l’Aurore, les pages de ce livre tremblent, se dressent, s’allument et pleurent dans le vent leurs paroles de feu.
Hommes ! Prosternez-vous devant ces dépouilles ! Ce sont les os, ce sont les Heures de prison de Marie Capelle, le chantre des agonisants. Je donnerais tous les jours qui me restent pour écrire jamais une seule page semblable aux siennes.
J’envie le sort des trépassés !
Ce livre court le monde.
Les libraires l’étalent aux devantures de leurs boutiques entre les nauséeuses méditations de Lamartine, les strophes crochues de Victor Hugo, les mondains et éphémères désespoirs de Musset l’académicien, et les jérémiades sonores de Châ-