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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/165

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Tenez, juges, jurés, jurisconsultes, jurisprudents, juristroquants, juriscroquants et jugeurs, si vous aviez été bien en règle avec vos consciences et bien sûrs de ce que vous faisiez, vous n’eussiez admis en faveur de Marie Capelle aucune circonstance atténuante.

Avec vos idées sur l’autorité et la justice, vous ne le pouviez pas, vous ne le deviez pas ; il fallait l’acquitter ou la frapper impitoyablement de mort. M. Lafarge, lui, n’était pas mort à demi ; et selon vous, une tête en vaut une autre.

En la condamnant à la détention perpétuelle, vous avez commis déni de justice envers elle, ce qui ne vous importe guère, ou envers la société, ce qui vous cuirait davantage.

Vous avez été coupables envers la société, si croyant madame Lafarge empoisonneuse, vous ne l’avez pas mise dans l’impossibilité de renouveler ses attaques homicides ; et cela de la manière la plus expéditive, la plus définitive, la plus éradicative possible. Vous avez été coupables envers madame Lafarge, si la croyant innocente, vous l’avez immolée sans scrupule, sans courage, aux aveugles exigences de l’opinion.

L’hésitation n’était pas permise à des juges intègres comme vous l’êtes tous, honorables inamovibles ! L’avocat-général vous suppliait de trancher la question, le bourreau se roulait à vos 372 genoux et vous conjurait de lui laisser cette tête à tondre ; vous connaissiez le procédé : cha-