Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/204

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les ronces et les cailloux de la montagne ! Que les Cieux pèsent sur leurs têtes coupables ! Que les eaux montent jusqu’à leurs lèvres sacrilèges ! Qu’ils étouffent, blasphèment et hurlent de douleur ! Et que les échos des monts nous apportent leurs gémissements ! !

Jamais ils ne souffriront ce qu’ils ont fait souffrir !


V


Par un beau soir de mai je gravissais, pensif, le sentier qui serpente à travers les taillis de la colline, sentier étroit, sablé, pareil à la raie blanche que tracent les jeunes filles dans leurs cheveux touffus.

Les premières senteurs de la verdure, la rosée qui baignait les fleurs, les fraîches émanations du sol se confondaient dans l’air, promesses d’une vie nouvelle, d’une santé meilleure.

Moi, voyant la nature et si jeune et si belle, je me sentais renaître au bonheur, à la poésie. Et je pensais aux morts qui renaissent et aux enfants qui meurent. Et je ne ressentais plus ni la maladie, ni la fatigue. Et je n’étais plus triste.

Et voilà que du haut d’un grand chêne, l’âme des printemps, le rossignol au timbre sonore, exprima les pensée que la nuit transparente faisait naître en son cœur.

L’oiseau disait :

« Que supportez-vous, montagnes puissantes ?