Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/244

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en lui ? Ou bien le général qui fit voler dans la poussière des batailles couronnes de rois et d’empereurs ?

Le présent nous répond, le présent triste et sombre, plein de remords et de sanglots. Entendez ce nom maudit dans les prisons et dans l’exil ! Voyez cette couronne souillée de sang et de fange ! C’est ton nom célébré, c’est ta couronne étincelante, Napoléon-le-Grand !

J’ai dit grand… Et ne dit-on pas grands et l’aigle et le vautour, et la Mort et la Guerre, et la voix du canon aux volées homicides… J’ai dit grand !…

… Et quoiqu’il m’en ait coûté, quoiqu’il puisse m’en coûter encore, je veux rester impartial surtout envers les rois, surtout envers les pauvres. — Le témoignage d’un homme juste n’est à mépriser de personne.


J’aime à chanter tes beaux rivages, Waldstætten, ô beau lac qui gardes l’Helvétie ! C’est là que repose le plus grand des hommes, sauvage dans la mort comme il le fut dans la vie. Les sapins des montagnes balancent sur sa tombe leur chevelure noire, les vagues pleurent à ses pieds leurs larmes d’écume, la Suisse répète son nom dans ses chants solennels !

Salut, Guillaume Tell ! Toi qui ne fus pas roi, tu fis courber sous ta flèche les puissants de ce monde. Tu ne voulus commander à personne, mais tu ne souffris pas que quelqu’un te donnât des ordres. La postérité te nomma Libérateur, et