Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/247

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portraits soient partout, dans la mansarde et sous le chaume, entre les lambris d’or et les poutres de sapin ! Qu’ils soient de tout foyer, de toute famille, dans tous les yeux, dans tous les cœurs ! Qu’on les aime ! Car ils aiment infiniment. Car ils sont immortels ! En eux rien n’est humain que le corps ; leur âme est à l’étroit dans sa prison d’argile !


… Je rêve : — cela ne fait de mal à personne et cela me fait tant de bien ! — Ah laissez-moi rêver !


Je suis épuisé, je suis vieux de force et de courage ; je ne suis bon à rien faire ; je suis Bohémien, mendiant, trouvère, hélas ! au milieu de cet âge de fer !

Mais toi, jeune homme aux cheveux noirs, au teint de bronze, aux membres nerveux, bel artiste de Naples, de Venise, de Rome, de Florence, de Madrid ou de Séville, les cités filles du soleil, fais ton œuvre.

Souviens-toi que les plus grands monuments élevés de main d’homme, les Pyramides, sont dus à la pensée de la Mort, souviens-toi que nous sommes les juges de ceux qui nous précédèrent. Souviens-toi que leurs âmes inquiètes nous demandent éloge ou blâme, et qu’à leurs demandes suppliantes il nous faut rendre des réponses impartiales. Sois l’interprète des générations.

Choisis donc sur le faîte des Alpes géantes, de la Sierra grise, de l’Apennin neigeux une cime