Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/253

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pâtre, la cognée retentissante du bûcheron, le cor qui demande du sang, les clochettes du troupeau dans les taillis verts, le murmure des eaux, le souffle 428 des nuages, les disputes du jour, les longues harmonies de la nuit ;

À l’aurore, les complaintes des religieux et la trompette de la caserne, l’infernal sifflement des locomotives fumantes, le roulement des charrettes sur le pavé, l’hymne du batelier, la voix pleine du chasseur, le long hurlement des chiens, le cri du coq, les gémissements des femmes qui deviennent mères ;

Au crépuscule, les rumeurs lointaines de la ville assoupie, la mesure de la valse enivrante, les mille clameurs des théâtres, le choc des verres ciselés, le pétillement des liqueurs généreuses, la respiration paisible des poitrines qui dorment, les transports d’amour de minuit, la détonation de l’arme meurtrière, le rire féroce de l’assassin, le râle de la victime, le galop du cheval qui fuit sur la route poudreuse, porteur d’un précieux fardeau.


« Ainsi, diront-ils, ainsi nous nous levions de bon matin. Ainsi nous nous activions au travail de la vie. Voilà les chants de prière et de bataille que répétaient nos lèvres ; voilà nos chiens, nos rames, nos instruments de labour et nos glaives tranchants. — Oh ! que nous aimions la terre et sa fécondité !

« Ainsi nous dansions, ainsi nous savions jouir des fêtes, des arts, de l’ivresse et de l’amour. Ainsi