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XVIII


440 Ils mentent ceux qui disent que les morts sont à jamais perdus pour nous, et qu’ils habitent éternellement les feux souterrains ou les plaines azurées des cieux : ils mentent !

Où que la charrue disperse la terre, la terre se retrouve et reproduit. Où que les vents emportent l’air, l’air caresse de nouveau la terre et la féconde. Car la terre et l’air sont corps et âme, indivisibles.

Où que la fermentation répande les parties du corps humain, le corps humain renaît et enfante. Où que la souffrance brise l’âme humaine, l’âme humaine revit dans le corps de l’homme, l’anime et le vivifie de nouveau. — Car l’homme n’est complet que par la réunion de son corps et de son âme.

L’être est immortel. L’universelle matière revivant toujours, le souffle universel ne meurt jamais.

Que m’importent donc les diverses formes sous lesquelles reparaîtront toutes les parties qui me constituent aujourd’hui ? Qu’elles reviennent pierres précieuses, fleurs ou femmes, je suis certain qu’elles vivront toujours de la vie de la matière et de la vie du souffle.

J’ai considéré, dans ce monde, le sort de celui qui renferme son âme entre les murs de sa pro-