Depuis je n’ai pas cessé de l’aimer, de l’appeler matin et soir, de suivre ses conseils, de m’inspirer à la pureté de son souffle divin. Dans les concerts d’en haut j’entends sa voix qui chante :
« Viva son io, e tu sei morto ancora
Diss’ ella, e sarai semprè finchè giunga,
Per levarti di terra, l’ultim’ ora. »
Petrarca.
Bienheureux morts ! protégez-nous !
… Je rêve ! — cela ne fait de mal à personne, et cela me fait tant de bien ! — Ah laissez-moi rêver !
C’était au crépuscule du matin, l’heure des rêves sanglants !
Nicolas de Russie m’apparut avec son grand sabre et son grand panache. Il semblait horriblement vexé d’avoir enfin trouvé son maître ; il était propre et pimpant comme un caporal.
Je le reconnus parfaitement, bien que jamais je n’eusse vu que ses portraits.
… C’était au crépuscule du matin, l’heure des rêves sanglants !
446 — Lui, s’adressant à moi du haut de ses grandeurs évanouies : « Te voilà, beau diseur de prophéties, me fit-il ? Tu as bien deviné que je précipiterais la Guerre sur l’Europe, tu as bien com-