Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/282

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parole de la prophétie qui survit aux ruines. Et toi, que me donnerais-tu, majesté décédée, qui n’as plus que six pieds sous la terre et point de place dessus. Va donc, pour voir, réclamer les grands domaines à ceux qui les occupent ! La vraie puissance, c’est la Liberté ; la seule vérité, c’est la Prédiction !

» Nicolas ! Nicolas ! Tu n’avais de grand que le corps. Et sous la main de la Mort, le corps se brise comme verre. Moi j’avais la pensée. Je ne suis rien, tu étais tout sur la terre ; tu n’es plus rien, je serai quelque chose, car mes idées se répandront bientôt parmi les hommes. »

… Bientôt, elle resplendiront comme le crépuscule des matins, comme un rêve sanglant !

447 — » Ne sais-tu pas que toute-puissante est ma volonté et que je puis t’anéantir d’un coup d’ukase ? » reprit-il par habitude.

— » Tu te trompes, Nicolas ! Deux gouttes d’un poison subtil, un pouce de fer, une balle de plomb, un coup de sang… Et te voilà tordu ! Tandis que je défie tous tes ukases d’anéantir ma pensée.

— » Tu me parais bien insolent, prophète ? !

— » Je suis fier ; c’est le droit de tout homme libre.

— » Continue !

— » Donc, tu seras tambour-major, tambour-major à cheval des Hulans et des Cosaques ; on créera cette dignité tout exprès pour toi. Et afin qu’il ne manque rien au suprême ridicule de ton rôle, tu te figureras commander l’armée, tu en-