Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/290

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cœur la femme déshéritée, la véritable gardienne de leur repos ; ils fouleront sous leurs pieds et l’ange, et l’archange, et l’aspic, et le dragon. Car l’homme n’a rien à craindre des puissances supérieures et occultes. Jamais il n’a reculé devant les obstacles qui traversaient sa voie, jamais il n’a cédé que devant les hommes. Son plus grand ennemi, c’est la société qu’il a faite sans consulter sa propre image. — La guerre est entre nous, et c’est la paix qu’il faut.


Pour ramener cette paix si désirable, pour découvrir nos enfers, pour vaincre l’ennemi, je ne descendrai pas sous terre, je ne monterai pas aux cieux. Car je ne suis ni Dante, ni Christ, mais celui qui vient après eux et voit l’avenir de moins loin. Car je ne veux pas intéresser les hommes à des douleurs imaginaires, et combattre à grand’peine des adversaires supposés. Dieu merci, 453 les maux et les ennemis ne manquent pas sur terre. — Et c’est sur terre qu’il faut les vaincre.

J’ai donc résolu d’alarmer mes semblables par l’exact récit de leurs souffrances réelles, de les absorber dans cette contemplation torturante : afin de les faire rougir d’eux-mêmes et de les soulever de la poussière où ils sont prosternés. J’ai juré de toucher de ma plume les plaies qu’ils abandonnent, d’y verser l’encre corrosive et la salive amère, et de faire saigner, sous ma rage, les cicatrices de l’honneur devenues insensibles.

Je ne serai pas complice, volontairement du