Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/362

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manufacturières, les tout-petits garçons trouvent plus facilement du travail que leurs pères. — « Cependant ils s’en iront comme ils sont venus, sans rien emporter du travail de leurs mains. »


Et puis la femme et l’enfant n’ont ni la volonté, ni le pouvoir de se révolter contre leurs maîtres ; ils ne rassembleront jamais ces formidables grèves qui mettent les entrepreneurs à deux doigts de leur perte. Mais ils se laisseront traire, tondre, égorger sans plus de résistance que les brebis et les agneaux. Quand la fatigue et le sommeil gagneront les petits enfants, quand ils ne pourront plus ouvrir leurs pauvres yeux injectés par les veilles, les contre-maîtres ranimeront à coups de fouet leurs forces défaillantes. La machine peut travailler nuit et jour ; la 497 créature humaine y restera donc attachée nuit et jour. Et quand elle mourra par la peine, elle sera remplacée sur l’heure, car le paupérisme rassemble à la porte des fabriques toute une population d’affamés. La fécondité du prolétaire peut faire face à l’insatiable cupidité des capitalistes ! — « L’homme né de femme est d’une vie courte et pleine d’ennuis ; il sort comme une fleur, puis il est coupé, et s’enfuit comme une ombre et ne s’arrête point. »


Non certes, les petits des animaux ne souffrent pas sur terre comme les petits des hommes. On laisse les poulains bondir dans les plaines jusqu’à ce qu’ils aient la force de porter le cavalier ; les