on les entasse sur une paille humide, dans des soupentes sans air : hommes, femmes, enfants, pêle-mêle, dans l’ordre où les présente le hasard.
J’ai pénétré dans ces repoussantes géhennes de la misère libre. Et j’ai senti se soulever mon cœur et manquer mon haleine. Je me suis demandé comment des êtres semblables à moi pouvaient vivre dans une atmosphère pareille ; comment ils ne volaient pas, ne tuaient pas pour être admis plus vite à la retraite de la prison, au sommeil de la potence ; comment ils supporteraient cette existence un seul jour sans l’hébétude qui les protège de sa cape de fonte ; comment cette existence de végétal pouvait être un bien pour eux ?
Redoutable question : faut-il préférer la vie à la mort ? Alternative affreuse qui souvent se présente à leur âme ! Misère qui défie tout crayon, toute plume, tout orchestre infernal ! Torture et damnation comme il n’en fut jamais sous le soleil qui brille ! Oh ! quand l’homme en arrive à désirer la mort, peut-on bien dire qu’il vive ? Et sa misérable existence n’est-elle pas le plus grand de tous les supplices ?
L’Enfer est sur la Terre !