Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/375

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs robes, ce sont les privilégiés — juges, propriétaires, prêtres, médecins et autres — qui ne permettent point aux hommes de vivre en travaillant, de mourir tranquilles, d’être enterrés en paix. Hélas ! les meurtriers légaux vivent comblés d’honneurs et de richesses.

L’Enfer est sur la Terre !

Épouvantable le sacrilège que l’homme commet sur les restes de l’homme ! Infâmes les violateurs qui ne s’arrêtent pas même devant les charmes froids de la Mort et ses yeux sans regards ! Carons pannés, ces fonctionnaires sacrés et diplômés qui fouillent dans les cercueils l’obole crasseuse de leurs salaires ! Hideux ces chacals en gants blancs qui se couchent en travers des fosses ouvertes et disent aux parents des morts :

« 505 Nous avons imprimé sur le sein de la terre le timbre de notre puissance ; personne ne peut y déposer ceux qu’il aime sans notre permission. Aux riches nous laissons acheter des tombeaux somptueux, devant les pauvres bée la fosse commune ; aucun ne reste découvert après la mort. On peut se promener dans les cimetières fleuris. La démence et les mœurs sont sauvegardés ; que vous faut-il de plus ? — Le prêtre doit vivre des autels, le médecin des malades, et les gouvernants des cadavres ! »

L’enfer est sur la terre !

La mort est inéluctable pour l’homme ; c’est avec effroi qu’il voit sa grande ombre se pencher sur lui ; il laisse des parents et des amis en pleurs !