Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/424

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par les reflets de sa cuirasse, les hideux enfants de la nuit lui font cortège.

Lui, de la pointe de son glaive brillant, écarte de sa tête ceux qui passent trop près : le sol en est tout noir. Ah s’il ne détruisait que les hiboux, le Chevalier du Lac !

537 Que cherche-t-il donc ? — Il laisse son cheval marcher au petit pas ; il n’a pas même toussé depuis qu’il est sorti de son palais humide. Et cependant ses regards sombres trahissent les sauvages ardeurs de ses entrailles. Il serre son coursier entre ses jambes maigres par un mouvement nerveux que je n’ai jamais vu faire aux cavaliers ; ses dents grincent, sa bouche est remplie d’une écume rougeâtre : un tigre effraierait moins. — Que cherche-t-il, le Chevalier maudit ?

— Ne t’impatiente pas, lecteur ; tu ne le sauras que trop tôt si ton âme est sensible au récit des grands malheurs. —


Sous les bouleaux à blanche écorce, aux étoiles tremblantes, s’est endormie la bergère des Alpes. Sa gorge est nue, ses mains frissonnent, la sueur ruisselle de son front : elle rêve d’amour. — Colère des vents, ah laissez-la dormir !

Il l’a vue, le Chevalier du Lac : « Prépare tes épaules, a-t-il dit, mon bon cheval, pour ma fiancée nouvelle. » Et les sanglants désirs montent à ses tempes qui battent. Et le vertige court par sa tête. — Colère des vents, réveille, oh réveille la bergère au sein nu !