Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/433

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excité pendant la vie serait assez forte encore pour me galvaniser. Et me relevant de toute ma hauteur, yeux brillants, nud de bras, je déchirerais vos oripeaux noirs et les disperserais aux quatre vents des cieux ! Et je m’écrierais : Anathème, Forfaiture et Sacrilège ! Et vous vous sauveriez tous, la queue entre les jambes, épouvantés d’avoir violé le secret d’un cercueil ! !

Oui, si vous l’osiez jamais, je serais mort à tenir ma parole de vivant ! Il y a je ne sais quelle puissance surnaturelle en moi qui ferait ce miracle et vous consternerait !


Étrange tyrannie, celle qui vous prend au berceau pour ne plus vous lâcher qu’à la tombe ! Tyrannie qu’il n’est possible de détourner de sa tête que par une rébellion exemplaire et de continuelles souffrances ! Quoi donc, il ne m’est pas permis de mourir 543 sans être harcelé par la gent officielle ! Quoi, je ne puis désigner à un ami le lieu désert où je crois trouver le repos, et le prier de m’y accompagner, sans cortège, dès l’aube du matin ! Quoi, lorsque je prends congé de tout ce monde que j’abhorre, il me faut encore lui envoyer des lettres de faire part, et fournir moi-même une thèse à ses sarcasmes !

Mais en définitive, à qui donc appartient le sol qui nous porte ? À quelques centaines d’histrions qui se font appeler rois et ministres ? Ou bien à tous les hommes ? Et à moi comme aux autres ? Je prétends en avoir ma part, entrer dans ce monde