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de voyage et les rêves vagabonds des enfants de Bohême !

547 Ce n’est pas que la police soit fine, elle est bête comme bonnetier ; — ce n’est pas qu’elle soit bien informée, elle ne se doute jamais que des bruits qui courent les rues depuis plusieurs semaines : à l’heure qu’il est elle cherche encore Mazzini en Suisse ; — ce n’est pas qu’elle soit considérée, personne ne peut parler de ses rapports avec elle sous peine de déshonneur ; — ce n’est pas qu’elle soit propre, ses agents n’ont pas seulement de quoi s’acheter des gants de gendarme ou du saindoux à la rose ; — ce n’est pas que son personnel soit inconnu, le mouchard est toisé dès le premier examen que fait de lui quelqu’honnête homme : il ne soutient pas le regard ; — ce n’est pas qu’elle soit intelligente et polie, elle se recrute parmi les plus ignorants et les plus grossiers des hommes ; — ce n’est pas qu’elle soit habile, elle n’est que brutale ; — ce n’est pas qu’elle soit active, ses domestiques passent leurs journées aux dominos et leurs nuits chez les filles, se soûlant et mangeant comme pourceaux à l’engrais : le reste de leur temps est à leur ambassade.

Mais elle est la police, le palladium des sociétés, l’administration préférée ; elle a beaucoup d’employés, pas mal d’argent, quelque peu d’or ; elle est le miroir autour duquel planent les milliers d’ailes de la Convoitise ; elle est la maîtresse courtisane dont chacun recherche les faveurs et les écus ; elle est le grand fumier cher aux mouches ! Offi-