Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vengeurs ! Fais des révolutions pour ceux, ô peuple, nomme-les tes chefs et tes représentants. Et quand tu les auras élevés sur la scène du monde, quand ils y gesticuleront, qu’ils y parjureront, ils t’appelleront vile multitude, canaille, ignorant… ignorant ! !

Ah ! puisque, dans ce monde, la plume vaut encore plus que le marteau, puisque c’est mon métier d’écrire, mon métier misérable, je saurai te venger de leur outrecuidance. Continue ton grand travail, moi je les poursuivrai, le pamphlet dans les reins. Moi je leur dirai que la vile multitude, c’est l’oisive bourgeoisie qui vit d’aubaine ; que les ignorants, ce sont les faiseurs de constitutions, de vaudevilles, de chansons à boire, de proclamations à incendier ; que les ambitieux et les esclaves, ce sont ceux qui flattent la foule et ne comprennent pas le génie du travailleur, ceux qui ne l’aimèrent jamais pour lui-même !

Ignorants tous ceux-là ! Ignorées leurs intrigues, ignorés leurs partis ! Insensée leur haine, insensées leurs vengeances ! Perdue leur opinion sur les hommes et les choses, perdue leur peine, perdus leurs noms ! Perdus eux-mêmes, noyés, brisés, broyés, annihilés, anéantis, évanouis, dans le tourbillon qui s’élève sur le monde ! — ignorants !… ignorants ! !


Travail aux bras habiles, à la tête puissante, je t’invoque sous les traits d’un homme fort.

Travailler, c’est prier !