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IV


Neuf mois après… Que de mystères se déroulent pendant ces neuf mois ! Que de travail fait l’homme quand il obéit à son attraction !… Neuf mois après, une fraîche existence scintillait sur les abimes du Néant, comme une étoile sur le sein des nuits. La Vierge était devenue mère ; des baisers d’une génération, divine essence, elle avait fait une génération nouvelle.

— Infinie, toute puissante, créatrice, éternelle est la tendresse de la femme ! À vous amour et culte, Vénus antique, Madone de Raphaël, Béatrice, Laura, Hélène et Cléopâtre, Myrrha de Byron, Madeleine affligée, filles d’Ève conservant et renouvelant l’existence de tous au péril de la vôtre… La femme qui sait aimer fait tout son travail ici bas. —


Beaux sont tes enfants, Amour aux grandes ailes, saint Amour indompté ! Belle était la petite fille blonde que Marina berçait dans sa mansarde, près des anges et des oiseaux. Épris de son sourire, les anges chantaient : « Mère ! laisse-la s’envoler vers nos sphères éclatantes ; elle y sera plus heureuse que sur la terre où rampent les serpents… »

Jaloux de sa beauté, les oiseaux chantaient : « Mère ! permets qu’elle s’élance avec nous dans l’air sans bornes ; nous lui ferons un doux nid de verdure au bord des ruisseaux en fleurs. Près de toi la Misère l’attend… »