Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rait lire dans la conscience du médecin ! Malheur à qui ne verrait plus dans le monde que solitude et poison ! L’espérance est ignorante et naïve, mais ses ailes sont rapides et son âme forte. Le Désespoir est clairvoyant au contraire, mais il a les membres paralysés et le souffle de glace. On ne guérit pas de sa morsure.

Hommes ! ne sondez pas trop l’avenir, ne l’ébranlez point sur ses bases ; il vous écraserait, vermisseaux ! Heureux ceux qui n’ont pas la vue trop courte, mais plus heureux encore ceux qui ne l’ont pas trop longue ! Les prophètes sont tous condamnés à mort. L’Humanité compte ses pas et ne fait l’un qu’après l’autre. —


Deux amours trop infinis remplissaient le cœur de Marina pour qu’elle songeât à la veille ou au lendemain.

Son enfant, cette créature frêle, c’était sa joie, le but de son travail, le gage de son amour, le sceau de sa vie, l’arc-en-ciel qui l’unissait au bien-aimé, comme la terre au firmament.

Elle le baignait dans les eaux parfumées, elle lui faisait apprendre le nom de son père, elle nattait ses cheveux avec des rubans de mille couleurs, elle y répandait des fleurs. — Car sur la tête de cet enfant, comme sur un autel, le valet du roi s’était engagé par un solennel serment à Marina la brune.