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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/87

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le mur de ce champ se resserrera et viendra te prendre à la gorge. Et ni toi, ni tes enfants ne sortirez de ce cercle maudit. Et maintenant fais réparer tes clôtures ; je sais bien qui paiera les frais ! » —


La voilà donc ma part dans cette vie, ma propriété par héritage, la Maladie ! Cela valait bien la peine de séparer votre cause de la cause commune, générations privilégiées dont je suis descendu.

Si mon âme était complice de cette exploitation odieuse ; si j’avais travaillé, souffert pour la défendre, je n’aurais pas le droit de me plaindre ! Mais je me suis raidi contre elle de toute ma force mortelle : et ma force a ployé ! Malédiction !

Fatalité, Providence, Mondes qui me dominez, Tout plus grand que moi, je suis vaincu par vous ! Mais je ne vous appellerai point Dieu, je ne vous demanderai pas merci, je ne vous adorerai jamais. Dans le mouvement éternel il est d’autres existences que celle que je quitte, et toute partie perdue veut sa revanche. Ne criez donc pas victoire avant le temps. L’Homme se vengera du Mal ; l’Homme détrônera Dieu !

J’avais cependant tant de pensées utiles à communiquer aux autres ! Peut-être l’heure n’en est pas encore venue ?… Non, je ne puis être ainsi supprimé pour toujours ! Et je m’élance dans ton sein, Éternité, avec la conviction que je reviendrai parmi les hommes !