Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/99

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n’ai rien enduré de pareil. Si vous voulez les graver à jamais dans vos âmes, lisez les émouvantes pages de Martin-Bernard, un autre Homme-Dieu qui se tua pour nous. — Moi je rapprocherai leur supplice de celui du pêcheur de Galilée.


Dans le prétoire d’Hébert, ou de tout autre — je ne sais plus lequel ; il en est tant de ces limiers de bourreau — dans le prétoire d’Hébert ont pris place les mouchards, les faibles, les trembleurs, les gendarmes, les inquisiteurs, les juges qui digèrent en condamnant à mort, la hideuse foule, l’homme rouge qui attend sa proie. — Oh la bonne, la jolie, l’honorable société ! — Là sont aussi les saintes femmes qui pleurent en silence, et les jeunes gens aux aspirations nobles, embaumant dans leurs cœurs la mémoire des grands morts.

Silence ! glapit l’huissier. Respect à la Justice des hommes ! !


Et les accusés, traînés par devant les juges criminels, serrent les poings contre ces lâches qui versent tout le sang des déshérités pour servir l’insatiable rapacité des occupants.

Ils contemplent ta croix, ô Christ, suspendue contre les murs du tribunal ; ils défient le code et la magistrature, la force brutale et la stupide clameur des foules aveugles. Et du fond de leurs âmes bridées ils s’écrient : « Dérision, Sacrilége et Blasphème : voilà la Justice humaine ! La Vérité