Page:C18 - Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage du Révérend Isidore Evain, prêtre BAnQ Québec E17S10D1661-918.djvu/2

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pas remarqué de cris anormaux, non plus ; rien d’extraordinaire, quelques cris par ci par là comme tous les soirs nous en entendons de temps en temps. Alors je me remettais tranquillement assis à mon bureau, lorsque vers onze heures, un quart d’heure après par conséquent, j’entendis le portier monter à ma chambre. Il arrive et il me dit : père vous êtes appelé au coin. Alors je lui répondis voilà deux ans que j’ai demandé pour être aumônier militaire au front en France, mon temps est arrivé. Je descendis, je pris le nécessaire pour aller aux malades et j’allais au parloir à la porte un homme de police que je connus pour être Isidore Caouette m’attendait. Il dit : père, vous êtes requis pour un blessé tout près d’ici. Je vas vous conduire. S’il vous plait, suivez-moi. Je sortis avec cet homme de police par la porte de la rue Massue. Je pris la rue Sauvageau et là j’aperçus une troupe que j’évaluerais entre trente et quarante personnes, justement ces hommes, jeunes gens et petits garçons qui s’étaient sauvés lors de la fusillade sans doute. Lorsqu’ils me virent ils voulurent me suivre. À ce moment, comme je quittais le coin de la rue St Valier et Sauvageau qui tourne au presbytère, j’entendis une seconde fusillade très vive, et les gens criaient : le père va se faire tuer. N’ayez pas peur, leur répondis-je je suis français : si je suis tué, ça sera fait. Ils continuèrent à me suivre quelque temps. L’homme de police dit : je crois qu’il y a du danger, père, dites