Page:C27 - Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage d’Émile Trudel, chef de la Police municipale BAnQ Québec E17S10D1661-918.djvu/21

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R. Je vous demande pardon. Vendredi soir il n’était pas question d’une émeute. Il était question d’une démonstration hostile. C’est rien que le lendemain que c’est devenu une émeute.


Q. Quelle est votre définition de l’émeute ?


R. Un groupe de gens, de citoyens qui se révoltent pour une raison quelconque, tandis que dans une démonstration hostile tout le peuple s’y mêle. Il y en a quelques uns qui chantent, quelques uns qui crient, quelques uns font des démonstrations de protestation, mais ce n’est pas une émeute. La même chose a été faite au Poste No 3, c’est une démonstration hostile.


Q. Quand cette démonstration hostile commence à mettre le feu dans la ville, est-ce encore rien qu’une démonstration hostile ou si c’est une émeute ?


R. Ils n’ont pas commencé par mettre le feu. Le feu a pris à dix heures à l’Auditorium. Avec le nombre d’hommes que j’avais là je ne pouvais pas poursuivre la chose autrement.


Q. De sorte que vous étiez là, et au lieu de tirer sur la foule parmi laquelle il y avait des femmes et des enfants, vous les avez laissés saccager ?


R. J’ai dit que nous avions été débordés par les manifestants. Ce sont eux qui nous ont débordés qui ont saccagé l’Auditorium, qui ont mis le feu.


Q. En d’autres termes, la force civile ce soir là était incapable de faire face à la foule ?


R. Avec vingt cinq hommes on ne pouvait pas faire plus qu’avec cinq cents qui n’ont pas pu le faire.