Page:C27 - Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage d’Émile Trudel, chef de la Police municipale BAnQ Québec E17S10D1661-918.djvu/5

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rigea vers la rue Dorchester, et l’autre prit la direction de la rue de la Couronne. J’entendis quelqu’un crier : « Il y en a un de pris au coin de la rue Dorchester » Je me dirigeai de ce côté mais presqu’aussitôt j’entendis dans l’autre direction ce cri : « On a accroché Bélanger dans les chars et ça l’a à moitie tué » Je me rendis sur la rue de la Couronne, en face de la résidence du Dr Fortier où un millier d’hommes étaient assemblés, criant : « S’il est blessé, on va le rachever » Pour apaiser l’excitation des gens, l’abbé Côté adressa la parole, ainsi que M. Létourneau M.P.P. Je m’adressai aussi à la foule en lui disant : « Dans tout pays civilisé on respecte l’ambulance ; respectez au moins les blessés ».


J’ai pu me faire écouté et le blessé est parti dans l’ambulance sans difficultés. Le sergent Léterte et deux constables étaient présents.


Comme vous le voyez, M. le Maire, ma première préoccupation a été de sauver la vie des agents de la police fédérale qui étaient en danger et nous ne pouvions pas tirer sur la foule. Je crois que si j’avais eu au début le service d’un corps de garde, tout le trouble aurait été évité. Il ne m’appartient pas de faire de commentaires sur les causes de cet incident déclenché d’une façon si spontanée. Je suis demeuré constamment avec les officiers fédéraux qui étaient en danger et je crois avoir fait mon devoir.


Québec, 5 avril, 1918. À Son Honneur le Maire de Québec.


J’ai l’honneur de vous transmettre le rapport sui-