Page:C2 - Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage de Régina Ferland, veuve d’Alexandre Bussières BAnQ Québec E17S10D1661-918.djvu/1

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Témoignage de Régina Ferland, veuve d’Alexandre Bussières[1]


REGINA FERLAND, de Québec, âgée de vingt deux ans, veuve de Alexandre Bussières, étant dûment assermentée sur les Saints Évangiles dépose ainsi qu’il suit.


Le cadavre qui fait l’objet de cette enquête est celui de mon mari, Alexandre Bussières, mécanicien, âgé de vingt cinq ans, de St-Malo de Québec.


Lundi soir mon mari est revenu de l’ouvrage à peu près vers six heures et demi. Il a soupé. Il était bien et sobre. Il m’a demandé la permission de sortir pour aller à une assemblée tenue par un Monsieur Lavergne sur le marché St-Pierre. Il m’a dit en même temps : Je vas t’amener avec moi et le bébé, et je vous laisserai chez ta sœur, sur la rue Ste.-Thérèse. C’est ça qu’il a fait. Je suis partie de chez nous vers huit heures moins le quart et je me suis rendue chez ma sœur sur la rue Ste.-Thérèse et le défunt est parti de suite pour aller à l’assemblée en disant qu’il serait de retour tout de suite. Je l’ai attendu jusqu’à une heure et quart dans la nuit, et le lendemain j’ai été informée qu’il avait été arrêté par la police militaire. Je croyais qu’il était prisonnier militaire. Quelqu’un m’avait dit cela. Mon père et mon beau-frère ont fait des démarches pour découvrir où il était et ce n’est que le vendredi matin que j’ai su que mon mari était mort et qu’il était à la Morgue chez M. Moisan. Mon mari était d’un caractère tranquille. Il n’a pas parlé devant moi qu’il était pour y avoir du trouble à cette assemblée là. Quand il est parti de chez-nous il avait de l’argent de papier mais je ne sais pas quel montant ― seulement je sais qu’il avait de l’argent de papier dans sa

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