Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/15

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leur taille contribue sans cesse à exaspérer ? Hoffmann n’a pas fait exception à la règle : « Cet atome, toujours agité et tourbillonnant, écrit Arvède Barine, avait l’humeur extrêmement mobile ; il riait, pleurait, se fâchait, se consolait dans la même minute, et le tout avec explosion. »



HOFFMANN
(Gravure de la collection de l’auteur)

Son tempérament d’artiste entendait ne s’asservir à aucune règle ; mais un bon oncle veillait qui, lui, prétendait bien contrarier ces instincts d’indépendance et de fantaisie.

L’oncle Otto comprenait l’éducation à sa manière. C’était le type de l’homme rangé, ordonné, méticuleux à l’excès. Un ordre minutieux et inflexible présidait, jour et nuit, à ses actions. Il s’était assigné tant de minutes pour manger, tant pour jouer du clavecin ou lire des vers, « afin de faciliter la digestion », tant pour dormir ou se promener, et tant pour témoigner son affection filiale à sa vieille mère : on voit que rien n’était oublié !… Le même esprit d’ordre présidait à ses sentiments et à ses pensées. Conseiller de justice en retraite, il ne voyait d’autre carrière possible pour son neveu que la magistrature ; tout au plus lui tolérait-il la musique, la peinture ou la poésie, mais à titre de distractions hygiéniques, comme repos d’un travail cérébral, comme délassement à des études sévères.

Hoffmann était né avec l’esprit de révolte qu’il tenait de son père, lequel pensait que « les conven-