Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cuper mécaniquement en fabricant des cages à lapins, en jardinant ou en se livrant à des travaux de menuiserie. Des amis lui ayant donné de jeunes lièvres, il voulut les apprivoiser. Tiny, Puss et Bess devinrent, grâce à lui, célèbres. Mais cela ne suffit pas à remplir le vide de son âme et à calmer les scrupules religieux qui ne cessaient de l’assaillir. Désespérant de son salut, il jugea bientôt superflue toute pratique du culte, s’estimant indigne d’approcher Dieu, d’implorer sa miséricorde.

« Ceux qui ont trouvé un Dieu et qui ont la permission de l’adorer, écrivait-il, ont trouvé un trésor dont ils n’ont qu’une idée bien maigre et bien bornée, si haut qu’ils la prisent. Croyez-m’en ; croyez-en un homme qui ayant joui de ce privilège pendant quelques années en a été privé pendant un nombre d’années plus grand encore, et qui n’a point l’espérance de jamais le recouvrer. »

« On peut représenter, dit-il ailleurs, le cœur d’un chrétien comme dans l’affliction et pourtant dans la joie, percé d’épines et pourtant couronné de roses. Ma rose est une rose d’hiver ; les fleurs sont flétries, mais l’épine demeure. »

Sa correspondance offre le reflet de la lutte qu’il soutient contre l’idée fixe ; il est tour à tour abattu ou triomphant ; il souffre ou il exulte. Ses lettres ne suffisant pas à l’abstraire de lui-même, il s’essaya à la poésie, au dessin. « Bien des figures en