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elle passait des heures à contempler l’auréole qu’elle croyait voir au front de son enfant. À genoux devant lui, elle chantait des cantiques et se levait la nuit pour le couvrir de petites fleurs bleues. Cet enfant devait être le grand poète maladif Zacharias Werner, voué lui-même à la folie.

Dès ses premiers pas dans la vie, Hoffmann avait montré un penchant irrésistible pour les choses démoniaques. Sa mère se désolait d’avoir donné le jour à un enfant qui semblait n’être venu au monde que pour expier les écarts et la conduite scandaleuse de ses ascendants. Son plus grand plaisir était de tourmenter les animaux, de les soumettre à mille tortures ; ses camarades eux-mêmes étaient ses souffre-douleur, et quand il en avait fini avec eux, il s’en prenait à la Bible de l’aïeule, qu’il barbouillait de figures diaboliques.

Un matin, on trouva morte dans sa chambre la mère d’Hoffmann. « Ses traits, écrivait ce dernier à un de ses amis, le jour de l’événement, étaient horriblement contractés. » Désormais, l’enfant allait être confié à sa grand’mère, Mme  la conseillère Dœrffer.

Cette vieille dame, devenue impotente avec les années, était une espèce de géante, dont l’aspect imposant tranchait d’autant plus sur le reste de la famille, composée de véritables pygmées. Ces petits