Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/197

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d’après eux, le symbole, l’expression propre de la mélancolie qui se dégage de l’œuvre et qui a été si poétiquement comparée à celle émanant des steppes désolées de la Pologne ; d’autres rappellent cet amour malheureux qui auréole la jeunesse et le génie de Chopin et lui laisse à jamais cette chère blessure que ne peuvent fermer ni le second amour de George Sand, ni l’amitié de Liszt, de Mickiewicz, d’autres encore dont il se sentait cependant enveloppé comme de la plus douce et réconfortante atmosphère ; qui lui créait, pour ainsi dire, cette ambiance d’affection et de dévouement où il aurait dû trouver sa consolation.



Cliché Hautecoeur
CHOPIN
(Collection de l’auteur)

Chaque cause contribue donc, en particulier, à définir cette tristesse dont la vie et l’œuvre de Chopin sont remplies, en apportant sa somme de douleurs correspondante ; mais il en est une dont la profonde influence et la valeur nous donnent peut-être la plus vraisemblable explication sur l’expression douloureuse de ce génie : c’est la maladie de Chopin. Et comme l’a fort bien remarqué notre correspondant, « on doit faire entrer en ligne de compte dans la géniale puissance de Chopin, sa complexion délicate et sa prédisposition à la tuberculose : la morbidesse de son œuvre correspond à la morbidité de son état. Chopin apporta, dès l’enfance, un terrain propre au développement du mal dont il devait mourir ».