Le lendemain, il dit au comte A.-P. Tolstoï :
« Voyez comme le mauvais esprit est puissant ! Je voulais depuis longtemps brûler des papiers que j’avais mis de côté à cet effet et j’ai brûlé les chapitres des Âmes Mortes, que je voulais laisser en souvenir à mes amis après ma mort. »
Le sacrifice avait été consommé à trois heures du matin, dans un moment, comme le remarque un de ses plus avisés biographes[1], où « Gogol énervé par le manque de sommeil, en proie peut-être à quelque cauchemar, miné par la fièvre, n’était pas absolument maître de sa volonté ». Il ne lui restait plus que quelques semaines à vivre.
À quel mal succomba-t-il ? Il est assez malaisé de le préciser. On a parlé de phtisie, de gastro-entérite, de malaria, d’une complication typhoïde survenue au cours de son affection chronique. La nature de ses souffrances est trop imparfaitement connue, pour que nous puissions nous prononcer avec quelque chance de certitude. Quoi qu’il en soit, sa tâche était terminée. Son puissant cerveau était depuis longtemps obnubilé, son intelligence et sa raison avaient déserté leur foyer.
Gogol fut-il positivement atteint d’aliénation mentale ? Ceux qui le virent dans les derniers temps de sa vie semblent n’en avoir pas douté. À Tourgué-
- ↑ Léger, op. cit., 44.