Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/301

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qui le gagne de plus en plus. « Que te dire, écrivait-il à sa mère ; je te dirais : je m’ennuie, il est temps de cesser de vivre… ; je ne vais nulle part, je ne lis rien, hors le Courrier du Nord, où, comme tu peux voir, il n’y a rien à lire et que, d’ailleurs, il est superflu de lire. »

À peine entré dans sa trente-huitième année, déjà il se demandait avec inquiétude si la vieillesse ne lui commandait pas de renoncer à écrire ; la cinquantaine passée, il se déclarait vieux, s’enfermait chez lui et fuyait jusqu’à ses meilleurs amis, s’abîmant dans une inexprimable mélancolie :

« Je ressens un tel ennui partout et de toutes choses ! écrivait-il à sa sœur ; je crains seulement de ne pas trouver dans la petite rue où tu habites le soulagement que j’y cherche, et alors ma vue t’écœurera ; tu me congédieras ou t’en iras de chez toi. »

Timide, il l’était, mais d’une façon spéciale, comme ces orgueilleux qui redoutent la société… tout en la recherchant. À Paris, en 1868, il se déclarait « un homme fini » et parlait de se loger une balle dans la tête, mais c’était en plaisantant ; il s’avouait néanmoins découragé, fâché contre lui-même et occupé seulement à regarder pensivement par la fenêtre et à se fourrer les doigts dans le nez (sic) ».

Sa nervosité s’était développée progressivement