Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/316

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jamais dans mon âme ; alors, certes, je ne rechercherais ni le plaisir, ni la gloire, ni la louange. Mais pour moi le monde est vide, ennuyeux. Ton amour ne séduit pas mon âme : je souhaite des trahisons, des sensations nouvelles ; du moins leur aiguillon réveillerait mon sang engourdi par la tristesse, par la souffrance, par les passions qui m’ont tourmenté avant l’âge ! »

Dans une autre pièce, il s’attriste sur la courte durée de cette vie :

« Nous, enfants du Nord, comme les plantes de ce pays, nous fleurissons pour peu de temps, nous nous flétrissons vite : comme le soleil d’hiver sur l’horizon gris, ainsi notre vie est sombre, aussi bref est son cours monotone. »

Quand donc viendra la mort pour mettre fin à tant d’angoisses !

« La mort ne connaît plus ni l’amour ni la douleur. Six planches l’enferment… Ni les appels de la gloire, ni ta voix ne troubleront mon repos. »

Le poète s’est accoutumé de bonne heure à l’isolement ; il n’a jugé personne digne d’être honoré de son amitié. Pas d’espérance pour le consoler, « l’espoir s’est envolé à jamais ». Personne ne le chérit sur cette terre. Il est à charge à lui-même comme aux autres. Il brûlait pourtant d’agir, mais tout excite son dédain. Il s’analyse, d’ailleurs, à merveille :