Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/321

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« Je m’ennuie, je suis triste, je n’ai personne à qui tendre la main aux heures de détresse morale… Désirer ? À quoi bon les vains désirs ? sans cesse renouvelés ?… Les années s’écoulent, les meilleures années. Aimer ? mais qui aimer ?… Pour un temps, cela n’en vaut pas la peine et un amour éternel est impossible… Joies, douleurs, tout cela est si insignifiant… Qu’est-ce que les passions ? Est-ce que, tôt ou tard, leur douceur qui fait souffrir ne s’évanouira pas devant les objections de la raison ? La vie, si tu l’examines froidement, est une chose si vide et si sotte !… »


Quand on sait, d’autre part, que Lermontov a surtout exprimé dans ses vers ses sentiments personnels, que ses chagrins réels ou imaginaires en furent d’abord, à peu près l’unique matière[1], l’indication est particulièrement suggestive.

Qu’on ait découvert une affinité, une sorte de parenté intellectuelle entre Byron et le poète russe, que celui-ci ait songé un moment à rivaliser avec son émule anglais ; qu’il y ait des analogies évidentes entre telles circonstances de sa vie et celles de son modèle ; qu’il ait aidé, au besoin, à les faire naître ; ce n’est point contestable. Nous en avons l’aveu échappé de sa plume même.



VUE DE KOUBATCHI DANS LE CAUCASE
(Extrait du Magasin pittoresque)

« Quand je commençai à griffonner des vers, en 1828, en quelque sorte instinctivement, a-t-il consigné quelque part, je pris l’habitude de les transcrire et de les mettre de côté. Je les ai encore. Je viens de lire, dans une biographie de Byron, qu’il

  1. Thèse citée, p. 208.