vingtième partie de ce que j’aurais voulu et peut-être pu exprimer[1]… »
Cette probité littéraire, cet orgueil de son art, ni les Goncourt, ni Flaubert lui-même ne l’ont plus ardemment pratiqué et, sur ce point du moins, il nous semble que Dostoïevsky se sépare nettement de Rousseau, dont l’amour-propre effréné, la susceptibilité maladive, les rancunes misérables diminuent tellement à nos yeux la valeur morale.
Et ce sont ces affres douloureuses, cette gésine angoissante, qui nous rendent Dostoïevsky si sympathique ; ce que nous trouvons admirable, c’est qu’il ait pu mener à bien le labeur considérable auquel il s’est astreint, malgré les crises qu’il a éprouvées, malgré les accès répétés d’un mal qui terrasse les volontés les plus fortement trempées.
À peine des traces de découragement se trahissent-elles, çà et là, dans sa correspondance : « Je suis malade des nerfs et je crains une fièvre cérébrale. Je suis si dévoyé qu’il m’est impossible de vivre une vie régulière. » Un autre jour, il déclare que la crise l’a « brisé, physiquement et moralement[2] » ; que l’épilepsie lui fait perdre du temps