Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/361

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rugit ainsi. Il semble même qu’il y ait un autre être dans cet homme et que ce soit cet autre être qui crie. Du moins est-ce de cette façon que beaucoup de gens ont traduit leur impression, et sur beaucoup de gens aussi, la vue d’un homme atteint d’une crise épileptique produit une terreur inexprimable, indicible, qui a quelque chose de mystique. »


L’absence épileptique est nettement décrite dans cet autre passage de L’Idiot :


« Je me rappelle que j’éprouvai un chagrin insupportable ; j’avais envie de pleurer, j’étais étonné et inquiet. Je me sentais au milieu de ces choses étrangères. C’était un marasme mortel. La circonstance qui y mit fin fut le braiement d’un âne entendu sur le marché de Bâle. L’âne m’impressionna extrêmement ; il me causa, je ne sais pourquoi, un plaisir extraordinaire et mon cerveau recouvra soudain sa lucidité. »


Les épileptiques ont la manie du déplacement, ils éprouvent le besoin de voyager au loin. Dostoïevsky, nous l’avons déjà dit, a présenté de l’automatisme ambulatoire :


« J’avais l’humeur inquiète et vagabonde (c’est l’Idiot qui parle, ou plutôt Dostoïevsky dont il emprunte la plume)… il me semblait que si j’allais toujours droit devant moi, si je franchissais la ligne où le ciel se confond avec la terre, je trouverais au-delà le mot de l’énigme, une vie nouvelle. »


Le romancier n’ignore pas que l’épilepsie ne se traduit point que par des attaques ; il ne lui a pas échappé que des modifications importantes s’y rattachent. « Je sais, dit le prince Mychkine, et de