Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/376

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pérament de l’écrivain est mise en un particulier relief, témoignent assez de l’intérêt que prennent de plus en plus les esprits éclairés à cette évolution nouvelle de la critique.

Là encore, il convient de ne rien exagérer, mais de ne pas davantage faire montre d’une fausse modestie. Nous ajouterons même que c’est dans le domaine de la littérature que notre action bienfaisante peut le plus utilement s’exercer : ne contribuerions-nous qu’à rectifier les bévues, à redresser les hérésies dont se rendent coupables des littérateurs mal informés, quand ils s’aventurent sur un terrain qui ne leur est pas familier, que nous leur rendrions un service dont ils ne sauraient manquer de nous savoir gré.

Est-il nécessaire de beaucoup insister sur les relations de la science avec l’art ? Sans doute, l’art vit de conventions et d’exagérations, et on accepte difficilement que la science prétende lui imposer ses lois ; cependant, qui nierait l’utilité de la science, quand on sait que les plus grands parmi les artistes, les Michel-Ange et les Vinci, — pour ne citer que deux des plus illustres — ont étudié à fond (au prix de quelles difficultés !) l’anatomie et la morphologie des modèles qu’ils se proposaient de tailler dans la pierre ou de reproduire sur la toile ?

Si quelqu’un a introduit non pas seulement la physiologie, mais la pathologie dans l’art, ne sont-ce pas les artistes eux-mêmes qui n’ont pas craint de nous rendre non plus des types se rapprochant de la perfection idéale, mais des infirmes et des difformes ? Là où le profane ne voit que le produit d’une imagination déréglée, quel autre que le médecin, doublé d’un critique d’art, pourra diagnostiquer la maladie ou la difformité qu’a voulu nous restituer l’artiste, et que certains nous ont rendue avec une saisissante vérité.

Comme l’ont écrit Charcot et Richer, « dans la représentation du corps humain, il est des lois que l’artiste ne saurait enfreindre, des limites que sa fantaisie ne saurait dépasser. L’anatomie est une science qui prête à l’artiste un concours nécessaire pour la création de ses plus belles conceptions. Mais dans ses déviations, la nature n’obéit-elle plus à ses lois ? » Pour différencier ce qui provient de l’inexpérience ou de l’impuissance d’un artiste, de ce qui est, au contraire, une copie fidèle de tares offertes par cer-