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HENRI HEINE

Il a sa statue sur le sol germanique, celui qui s’était intitulé lui-même « un Prussien libéré ». L’effigie a eu le sort de l’original qui fut longtemps ballotté, errant de logis en logis[1] dans ce Paris où il était venu se fixer, fuyant son inhospitalière patrie.

Quel effroyable calvaire que cette vie, ce martyre prolongé du pèlerin morbide, dont la maladie exalta l’intelligence, en avivant sa sensibilité !

On s’est demandé, à propos de Heine comme de Musset, qui se ressemblent par tant de côtés, si le pathétique qu’on rencontre chez ces deux poètes, quand ils parlent de leurs souffrances, de leurs blessures, de leur désespoir, avait réellement sa source dans le sentiment. Combien d’hommes qui ont eu les mêmes espérances, suivies des mêmes déceptions ; combien chez qui la foi a fait place à

  1. « Le poète avait la manie des déménagements ; à la longue il ne se plaisait nulle part et trouvait partout une raison pour transporter ailleurs ses pénates toujours errants. Il lui fallait, disait-il, une tranquillité absolue et il la cherchait en vain de quartier en quartier… » Souvenirs de la vie intime d’Henri Heine, recueillis par sa nièce, 90.