Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/70

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De la lecture des faits que nous avons pu recueillir, quelles conclusions tirer ? Quel diagnostic sommes-nous autorisé à formuler d’après les données que nous avons exposées ?

C’est bien, semble-t-il, d’ataxie locomotrice, de tabes, que Heine a offert les symptômes.

La syphilis doit-elle être incriminée ? Nous ne saurions rien affirmer à cet égard[1], faute d’une pièce émanant d’une personnalité médicale compétente ayant soigné le poète.

Quoi qu’il en soit, Heine a présenté ce phénomène rare, presque exceptionnel, avec une nature vibrante à l’excès, un organisme hyperesthésié, d’avoir, sans le réconfort que donne aux croyants l’espérance des joies éternelles, affronté la douleur et la mort avec une sérénité que n’auraient pu dépasser ni le plus fervent chrétien, ni le plus ferme stoïcien. Il a fourni cette preuve, pour certains paradoxale, que l’épicurisme n’empêche pas de bien mourir.

  1. Alex. Weill prétend que Heine était très débauché ; mais est-ce autre chose qu’une indication ? Cependant, il est un passage du mémorialiste qui donne à penser : « Votre maladie, disait un jour Weill à Henri Heine, n’a rien à faire avec la fatalité ; elle est le résultat de vos passions non réfrénées, tranchons le mot, de vos débauches voulues. Encore que votre mariage, libre ou non, eût dû vous préserver de beaucoup de maux, si vous aviez été fidèle à votre femme. » En tire qui voudra des inductions ; ce ne seront jamais que des probabilités.